Lectures : Ez 18. 25 à 28 / 1 Jean 1. 8 et 9 / Matth 21. 28 à 32
« La façon d’agir du Seigneur n’est pas correcte… »
On croirait rêver ! Quel culot, diront certains ! Quelle accusation scandaleuse ! Dieu serait-il injuste, incorrect envers les hommes ? Mais, n’est-il pas trop facile d’accuser Dieu de nos déboires, comme de nos échecs, de nos difficultés, comme de tout ce qui va mal dans ce monde ? Certes, il est plus aisé de dire : « c’est la faute de Dieu », que de dire : « c’est ma faute » ! Sans oublier une troisième option, qui est de dire : « c’est la faute au malin, ou aux autres, ou je ne sais pas ! ». Mais, ne sommes-nous pas responsables de nos choix aussi parfois ? N’avons-nous pas une part de responsabilité dans ce qui se passe dans nos vies comme dans le monde ? Comment concilier alors « souveraineté de Dieu » et « responsabilité humaine » ? De ces différentes options, laquelle adopter ? En quoi sommes-nous responsables de nos vies face à la souveraineté de Dieu ? Méditons à partir des textes de l’Ecriture.
1°) « La façon d’agir du Seigneur n’est pas correcte… »
Au chapitre 18 du livre d’Ezéchiel, le prophète évoque plusieurs situations dans le domaine de la responsabilité humaine : Tel homme est juste, craignant Dieu, agissant selon sa parole. Ses choix sont bons, il reçoit l’assentiment du Seigneur ; il vivra. Jusqu’ici tout va bien, c’est logique. Mais voilà que son fils agit à l’opposé, commettant le mal (idolâtre, adultère, voleur, usurier…). Il sera condamné, dit le Seigneur. Ce qui paraît normal aussi. Mais, poursuit le texte, si le fils d’un père mauvais, agit bien, il vivra et le père mourra à cause de sa propre faute. C’est là que le peuple dit non : « c’est pas juste ! ». « Pourquoi le fils n’a-t-il rien porté de la faute de son père ? ». Et c’est là que Dieu affirme le principe de la responsabilité individuelle. « Celui qui pèche, c’est lui qui mourra ». Et le Seigneur d’introduire en même temps, déjà ici, le principe de la grâce. A savoir, que si quelqu’un se détourne du mal et obéit à Dieu, il sera pardonné, il vivra. On ne se souviendra plus de tout le mal qu’il aura fait. A l’inverse, si un juste se détourne du bien pour pratiquer le mal, il mourra et on ne se souviendra pas de tout le bien qu’il aura fait. Et c’est là que le peuple dit encore : « Ce n’est pas juste, pas correct » !
Ne sommes-nous pas un peu comme le peuple d’Israël ? N’avons-nous pas du mal à accepter nos responsabilités devant Dieu ? A trouver la grâce de Dieu « injuste » quand elle s’applique à d’autres ? Et que, lorsque nous nous égarons, Dieu devrait être indulgent vis-à-vis de nous au regard de nos bonnes œuvres passées ?
Ou n’avons-nous pas tendance également à rendre les autres responsables de nos malheurs ? (nos parents, nos enfants, les circonstances, Dieu…) au lieu de reconnaître notre part de responsabilité et de nous repentir ? Oui, Dieu est souverain, il fait grâce aussi, mais nous restons responsables de nos choix.
2°) « Mon enfant, va donc aujourd’hui travailler dans ma vigne »
Alors que les religieux juifs remettent en cause son autorité, Jésus raconte cette parabole des deux fils. Matthieu seul a conservé cette parabole étrange. Elle s’adresse bien sûr d’abord aux détracteurs de Jésus. Jésus veut leur montrer qu’ils ont besoin de se repentir pour être sauvés. Cette parabole nous montre qu’on peut rejeter l’invitation au salut, la grâce en Jésus, et s’égarer dans beaucoup de voies. Mais qu’il suffit de prendre conscience de ses erreurs, de les regretter pour accepter la grâce en Jésus pour être sauvé. Parce que sur la croix, Jésus a pris sur lui la condamnation des péchés du monde entier. La mienne, comme celles des autres. Cette parabole de la repentance nous invite à être responsables, conscients de nos fautes, de nos égarements. Elle nous invite à nous repentir, à demander pardon, à reconnaître nos erreurs. Ne nous obstinons pas dans des querelles, dans des mauvaises postures ! Apprenons à porter un regard lucide sur nous-même et sur nos vies. Ne nous obstinons pas dans le péché, cela ne peut que nous mener à la mort. « Le salaire du péché, c’est la mort, mais le don gratuit de Dieu c’est la vie éternelle en Jésus Christ notre Seigneur » (Rom. 6. 23) Repentons-nous et croyons au pouvoir de la croix, à la puissance de la croix, afin d’expérimenter le pardon et la paix de Dieu. « Pris de remords, il y alla ». Toute sincère repentance libère en Jésus, et permet de nouveaux départs.
3°) « Si nous confessons nos péchés… »
Vers la fin de sa vie, l’apôtre Jean encourage les chrétiens à la repentance, à la confession des péchés. Nous autres évangéliques, avons trop souvent tendance à confondre la conversion, la nouvelle naissance, avec la vie chrétienne ; à penser qu’une fois converti, nous n’avons plus besoin de repentance. De ce fait, nous avons tendance à nous accommoder du péché, des mauvaises pensées, des mauvaises paroles ; de relativiser le mal sous prétexte que l’on ne sera jamais parfait. De même nous avons tendance aussi à décider nous-même ce qui est péché et ce qui ne l’est pas. Sans réaliser que notre définition ne change pas celle de Dieu, celle que nous trouvons dans la Bible ! N’avons-nous pas besoin d’apprendre à dire nos fautes ? A les dire aussi peut-être à quelqu’un de confiance avec qui prier ? Que ce soit dans le couple, dans la famille, dans l’église ! Comme le dit l’épître de Jacques « Confessez-vous donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin d’être guéris » (Jacq 4. 16) La confession libère, la repentance libère. C’est à nous à le faire, Dieu ne le fera pas à notre place.
Conclusion
« La façon d’agir du Seigneur n’est pas correcte… »
Gardons-nous de telles pensées, de tels propos et apprenons plutôt à porter un regard lucide sur nous-même. Ne laissons pas le mal empoisonner nos vies et notre entourage. Ne nous confortons pas en accusant Dieu ou les autres. Dieu nous a créés libres et responsables. C’est ainsi qu’il nous considère. La souveraineté de Dieu ne nous dispense pas de faire les bons choix pour nos vies. La grâce du salut et du pardon en Jésus ne nous dispense pas de repentance. Bien au contraire, elle nous y invite.
Comment concilier « souveraineté de Dieu » et « responsabilité humaine » ? Est-ce la faute de Dieu, de mes parents, des autres, du malin, de moi ? Toutes ces options peuvent coexister sauf une, celle qui consisterait à rejeter le mal sur Dieu. « Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en-haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation » (Jacq 1. 17)
Certes Dieu est souverain, il est un Dieu de grâce, de pardon, mais je reste responsable de mes choix. N’hésitons pas à aller vers Lui pour confesser nos fautes.
Pasteur Joël Mikaélian – 27/09/2020