Es 43. 3 et 4 / Jean 21. 15 à 19 / Apoc 2. 1 à 7
« Ainsi parle celui qui tient les sept étoiles dans sa droite… »
A la lecture du premier chapitre du livre de l’Apocalypse de Jean, il est clair que celui qui parle, est le Christ, le Seigneur ressuscité et glorifié. Il est clair aussi que cette parole s’adresse, certes, à l’église d’Ephèse de l’époque, mais qu’au-delà elle s’adresse à toutes les églises de tous les temps. Car même si la forme des problématiques d’églises évolue au fil des temps, le fond de ces problématiques demeure en grande parti le même. La question de Jésus à Pierre aussi demeure toujours d’actualité : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu… ? ». Nous connaissons la réponse, mais aussi l’insistance de Jésus : « m’aimes-tu… ? ». Sans entrer dans les subtilités de la langue grecque des différents mots employés par Jésus ici, cette question rejoint fortement le message de la lettre à l’église d’Ephèse que nous venons de lire. En quoi ce message nous concerne, concerne l’église aujourd’hui ? Quels encouragements et quels défis place-t-il devant nous ce matin ?
1°) « Je sais tes œuvres… »
Tout d’abord le Seigneur exprime toute son appréciation à l’église. Il lui rappelle aussi qu’il est présent au milieu d’elle, et qu’il connait toutes ses œuvres. Il est noté que Jésus s’adresse à l’église. Le salut a certes, une dimension individuelle, mais il a aussi une dimension communautaire. Le Seigneur s’adresse certes souvent aux croyants de façon individuelle, mais il s’adresse aussi souvent à l’église en tant que communauté. L’église est son corps, « qu’il s’est acquise par son propre sang ». (Act 20. 28). Ce qui nous pose la question : faisons-nous partie de l’Eglise avec un grand « E » ? Faisons-nous partie d’une l’église locale aussi ? Pour nous à Issy, chacun peut en faire la demande s’il croit en Jésus et s’il en a témoigné par son baptême. Le chrétien ne peut vivre en solitaire. Faute de quoi, il se prive de toute une dimension indispensable à sa croissance et à sa maturité.
« Je sais tes œuvres… » dit le Seigneur à l’église d’Ephèse. Je sais ta fidélité, ton courage, ta persévérance. Je sais tout ce que tu fais pour moi. On peut remarquer que Jésus ne dénigre pas les œuvres. Il n’oppose pas l’être et le faire. Il n’oppose pas « activisme » et « contemplation » comme nous avons parfois tendance à le faire (cf Marthe et Marie). Jésus apprécie aussi le discernement spirituel de l’église d’Ephèse. Ceci qui nous montre à quel point le Seigneur est attentif à tout ce que nous vivons en église. Il connait nos œuvres, nos labeurs, nos combats, notre persévérance… Et il nous dit que tous ce que nous faisons n’est pas vain. Comme pour l’église d’Ephèse, le Seigneur sait aussi combien nous peinons parfois dans notre vie communautaire, avec les épreuves des uns et des autres, les difficultés que nous rencontrons, les fatigues, les lassitudes, les inquiétudes… Il sait ce qu’il en coûte de vivre notre engagement dans un monde hostile. Il connait aussi notre fidélité à sa Parole. C’est comme s’il disait à l’église d’Ephèse, aux églises, à notre église : « Tu as du prix à mes yeux ! ». L’église a du prix pour lui ! Et il l’aime ! C’est son église, et nous en faisons partie !
2°) « Mais j’ai contre toi… »
Après avoir dit toute le bien qu’il pense de l’église d’Ephèse, le Seigneur met tout à coup le doigt sur un manquement, l’amour. « Tu as abandonné ton premier amour… ». Tu n’aime plus comme auparavant. Quelque chose a changé ! Il manque de l’amour, valeur essentielle pour Dieu. Et on le voit, lorsque cette valeur fait défaut, combien la vie est triste ! Que ce soit dans la famille comme dans l’église comme dans la vie sociale. C’est ce que l’apôtre Paul rappelait aussi aux chrétiens de Corinthe dans sa première lettre au chapitre 13. « Si je n’ai pas l’amour, je suis un métal qui résonne, … je ne suis rien…». L’amour pour Dieu, l’amour pour le prochain, c’est l’ADN de la vie chrétienne et de la vie d’église. Il semble que c’est ce qui faisait défaut à cette belle église d’Ephèse. C’est comme si le Seigneur disait : « C’est super tout ce que vous vivez, tout ce que vous faites… mais : m’aimes-tu ? ». « Oui Seigneur, tu sais que je t’aime… ». C’est ainsi que le Seigneur nous questionne aussi ce matin : « m’aimes-tu ? ». Je sais tout ce que tu fais pour moi, et c’est bien. Mais « m’aimes-tu ? ». Qu’en est-il de notre amour pour le Seigneur, de notre amour les uns pour les autres, de notre amour pour le prochain ? Comme beaucoup, nous avons vécu, une année particulière. La crise sanitaire nous a contraints à prendre certaines distances les uns vis-à-vis des autres. La vie communautaire, la communion fraternelle en ont souffert. Certes, grâce à l’engagement de plusieurs, nous avons pu maintenir une vie d’église. Mais comme beaucoup, nous avons pu voir aussi les limites de tous ces moyens mis en œuvre pour conserver nos liens d’amour les uns avec les autres. Nous voyons aussi que certains se sont éloignés, refroidis parfois. Peut être que nous même aussi avons souffert de toutes ces restrictions. Que faire ?
3°) « Souviens-toi… repens-toi… »
Le Seigneur ne se contente pas de détecter ce qui ne va pas dans cette église d’Ephèse. Son propos n’est pas un réquisitoire, une accusation dans le but de prouver la culpabilité de l’accusée et de le condamner à une peine juste. Non. Lorsque le Seigneur met son doigt sur nos manquements, c’est toujours pour nous inviter à la repentance. Ce n’est jamais pour nous condamner. C’est simplement pour nous encourager à revenir à lui, à recentrer nos vies sur l’essentiel, l’amour. C’est ce qu’il attend de nous, que nous l’aimions lui d’abord et ceux qui nous entourent. Il nous invite à retrouver une communion passionnante avec lui, avec sa Parole, avec la prière. Aimer Dieu c’est quoi ? C’est passer du temps avec lui, aimer être en sa présence, aimer son église qu’il aime, être passionné par son œuvre. Aimer Dieu c’est aimer nos frères et sœurs, comme Jésus nous a aimé. Le sommet de son amour est certes le don de sa vie, la croix, mais aussi le don de sa vie dans sa relation avec ses disciples, à l’image du soir où il s’est agenouillé devant chacun d’eux pour leur laver les pieds ! A chacun de revisiter ce matin l’état de son amour pour le Seigneur et ce que cela implique.
« Ainsi parle celui qui tient les sept étoiles dans sa droite… »
C’est une grâce que Dieu nous parle, ne négligeons pas sa Parole. Ses encouragements, comme ses appels à revenir à lui. Retrouvons sans cesse notre amour pour lui.
Pasteur Joël Mikaélian
27/06/2021