Hab 2. 3 et 4 / Heb 10. 36 à 11. 4 et 13 à 16 / Heb 12. 1 à 6
« Mon juste vivra par la foi… »
Vivre par la foi, c’est quoi au juste ? Est-ce vivre en obtenant de Dieu tout ce que l’on souhaite comme l’affirment certains chrétiens ? Est-ce vivre dans une sorte de déni des réalités de la vie ? Ou bien est-ce vivre avec espérance ? Espérer toujours même lorsque tout va à l’encontre de ce que l’on souhaite ou l’on attend de Dieu ? L’auteur de l’épitre aux Hébreux, reprenant une parole du prophète Habakuk, nous donne quelques indications précises à ce sujet. Au chapitre 11 de son livre, il passe en revu la vie de plusieurs croyants de la première alliance pour finir avec la vie des chrétiens de son temps. A partir de tous ces exemples, il nous montre ce que « vivre par la foi » veut dire. Il questionne notre foi et nous indique ce qu’est le véritable chemin de la foi. Méditons ce matin à partir de ces textes, et laissons, le Seigneur nous interpeler, nous encourager, nous fortifier.
1°) « Mon juste par la foi vivra… »
Cette parole nous rappelle tout d’abord que c’est par la foi que nous sommes sauvés, que nous devenons justes aux yeux de Dieu. C’est par la foi dans le sacrifice du Christ que nous sommes rendu justes aux yeux de Dieu et que nous pouvons prétendre au salut, au pardon de nos fautes et à la vie éternelle. De nous même cela est impossible. Dieu est bien trop saint pour que nous puissions nous approcher de lui sans nous appuyer sur le sacrifice de Jésus. Et c’est bien là le premier pas de la vie chrétienne, nous en remettre entièrement à la grâce de Dieu en Jésus Christ.
Mais cette parole nous invite aussi à vivre par la foi, à vivre avec foi, à inscrire notre vie, notre quotidien comme notre avenir dans la foi ; foi en l’amour de Dieu, en sa bonté, en sa bienveillance, en sa puissance, en sa sagesse. C’est en évoquant la vie de foi de d’Abel, de Noé, d’Abraham, de Moïse, des prophètes et des premiers martyrs chrétiens que l’auteur nous montre ce qu’est « vivre par la foi ». Ce qui étonne dans cette longue énumération de personnes ayant vécu par la foi, c’est la façon de mettre au même niveau, ceux qui ont réalisés de grandes choses par la foi, ceux qui ont obtenu ce qu’ils espéraient par la foi, et ceux qui n’ont pas obtenu ce qu’ils espéraient. L’auteur n’hésite pas à démontrer que le plus grand homme de foi, celui que l’on considère souvent comme le père de la foi, Abraham, n’a pas obtenu de son vivant la totalité de la promesse que Dieu lui avait faite. Abraham n’a eu en effet qu’un enfant, Isaac, et quelques autres par la suite, là où Dieu lui avait promis une postérité plus nombreuse que les étoiles du ciel ! La particularité du chapitre 11 de l’épître aux Hébreux est là. Dieu ne fait pas de différences entre les uns et les autres. Tous sont considérés comme des femmes et des hommes de foi. Qu’ils aient ou pas obtenu ce qu’ils espéraient, qu’ils aient ou pas réalisés de grandes œuvres de foi. Parce que pour Dieu, l’essentiel n’est pas cette vie, mais celle à venir, l’éternité, son royaume. Nous ne sommes que des étrangers et des voyageurs sur terre. L’essentiel est de croire pour être sauvé et de vivre par la foi, une foi raisonné, espérant toujours en l’amour et la bonté de Dieu même si nous ne voyons pas se réaliser de notre vivant toutes les promesses de Dieu.
2°) « Ainsi donc, environné d’une si grande nuée de témoins… »
Au chapitre suivant, le texte nous invite à considérer tous ces témoins, tous ceux qui nous ont précédés et de nous inspirer de leur vie, de leur foi, de leur fidélité. L’auteur nous encourage à vivre comme eux, par la foi, avec une foi raisonnée, équilibrée. En évitant la surenchère des discours et le déni des réalités. Et en espérant toujours !
Cette semaine, nous avons fêté les 175 ans de l’Eglise Evangélique Arménienne. Le 1er juillet 1846 à Constantinople (l’actuelle Istanbul), une quarantaine de chrétiens, excommuniés de l’Eglise Apostolique Arménienne, étaient contraint de fonder une nouvelle église, l’Eglise Evangélique Arménienne. Ces femmes et ces hommes de foi voulaient vivre une foi vivante et non traditionnelle. Ils voulaient pouvoir lire et méditer librement la Parole de Dieu, ce que le clergé à l’époque interdisait. C’est avec foi qu’ils se sont engagé, qu’ils ont engagé leur vie, leur famille. Ils ont pris le risque d’être marginalisé par la communauté arménienne, d’être regardé comme une secte, d’être considéré comme des traitres ! Et Dieu a honoré leur foi, leur conviction, leur engagement. En quelques années cette église s’est développée dans l’empire ottoman tout d’abord, puis dans le monde entier, suite au Génocide de 1915. Lorsque l’on considère son histoire, le développement de cette église a été phénoménal.
Nous devons rendre grâce à Dieu pour cela. Ces quarante chrétiens font parti aussi de cette nuée de témoins, avec tous ceux qui les ont suivis, nos anciens. Eux aussi ont réalisés de grandes œuvres de foi. Malgré le Génocide qu’ils ont vécus, les horreurs et les souffrances vécus, ils ont continués à croire en l’amour et en la bonté de Dieu. Et à peine arrivés en France, ils se sont à nouveau regroupés pour prier, chanter, méditer la Parole de Dieu. Avec leurs faibles moyens, ils ont construit des églises, ont constitué des communautés… ils ont été inventif et se sont adaptés… Ils ont fait preuve d’innovation, d’ouverture… Dans le domaine de la résilience nul n’a de leçon à leur donner… !
3°) « Courrons avec persévérance… »
C’est à nous aujourd’hui de continuer à vivre par la foi, à être des femmes et des hommes de foi, fidèle quelques soient les circonstances de nos vies… Apprenons nous aussi à vivre par la foi. Non seulement à être sauvés par la foi en Jésus Christ, mais aussi à vivre, à persévérer, à espérer envers et contre tout, espérer toujours. Et qu’importe que nous voyions ou pas toutes les promesses de Dieu se réaliser. Elles se réaliseront certainement plus tard, parce que Dieu est fidèle à ses promesses. L’essentiel est de vivre par la foi et d’hériter du royaume de Dieu, de la vie éternelle. « Rejetons tout fardeau et le péché qui sait si bien nous entourer, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les regards fixés sur… Jésus » (Heb. 12. 2)
Conclusion :
« Mon juste vivra par la foi, mais s’il se retire, mon âme ne trouve plus de satisfaction en lui… »
Pasteur Joël Mikaélian
04/07/2021