2 Rois 4. 42 à 44 / Jean 6. 1 à 15 / 2 Cor. 4. 5 à 7
« Comment faire face à l’impossible ? »
Comment faire face à l’impossible ? A tous les impossibles de nos vies, ceux de notre entourage ? Nous connaissons tous l’expression attribuée à Napoléon Bonaparte : « Impossible n’est pas français… je ne connais pas ce mot… ». Disait-il. Nous connaissons tous ses grandes conquêtes, mais aussi ses défaites et son exil ! Il a bien dû se résigner malgré ses déclarations ! A plusieurs reprises, Jésus a dit que : « rien n’est impossible à Dieu… ». Il est allé même jusqu’à dire à ses disciples : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé… rien ne vous serait impossible… ». Il dira aussi au père d’un enfant possédé d’un esprit impur : « Tout est possible à celui qui croit ». Que penser ? Nous savons comment de telles références ont parfois alimenté le désir de « toute puissance » chez certains chrétiens, et ont souvent conduit, en cas d’échec, à de grandes déceptions ! Comment comprendre ces paroles, interpréter ces miracles que nous trouvons dans la Bible ? Que nous disent-ils de Dieu, de son amour, de sa bonté, de sa puissance, de sa façon d’agir ? Comment être au bénéfice de cette puissance ? Méditons à partir de ces références et des textes lus ce matin.
1°) « Comment pourrais-je en distribuer à cent personnes ? »
C’est la question du serviteur du prophète Elisée, face à une situation humainement impossible. Le deuxième livre des Rois nous raconte plusieurs miracles effectués par le prophète Elisée, entre autre, cette multiplication de pains. Certes les proportions ici ne sont pas comparables à celles que nous trouvons dans les évangiles avec Jésus. Mais il y a là quand même quelque chose de surnaturel qui témoigne de la puissance de Dieu, de sa bonté, de sa générosité. On voit à quel point combien Dieu est attentif aux besoins humains. Et qu’il est prêt parfois à bousculer les lois naturelles qu’il a instaurées pour répondre à une situation humainement insoluble. Dieu montre par là qu’il est bien vivant, tout puissant, et qu’il rend possible ce qui ne l’est pas humainement. Il faut noter que ce miracle s’effectue à partir de la mise à disposition de quelque chose d’insuffisant. Et c’est à partir de ce qui est insuffisant que Dieu va intervenir et le rendre suffisant.On peut noter qu’Elisée n’intervient pratiquement pas si ce n’est qu’il dit une parole qu’il a reçu de Dieu. Dieu utilise le serviteur qui doit distribuer le pain, sans être sur qu’il y en aura pour tous. Dieu se sert de moyens humains pour accomplir des actions divines. Mais à aucun moment, les acteurs de ce miracle (l’homme qui fait le don, Elisée et le serviteur) n’apparaissent comme détenteur d’une quelconque puissance qui leur serait propre. C’est dire que la puissance, la toute puissance n’appartient qu’à Dieu et à Dieu seul. La part du prophète est de dire ce qu’il a reçu, quant aux autres, c’est de faire ce qu’ils peuvent faire. Ils ne font rien d’extraordinaire, mais ils le font avec foi, c’est-à-dire en inscrivant leur geste dans le cadre de la foi en la puissance et la générosité de Dieu. Le prophète, comme le serviteur, agissent dans le cadre d’une relation avec Dieu.
Dieu est le même aujourd’hui encore, il peut rendre possible nos impossibles. Dans le cadre de sa volonté, de sa bonté, de sa toute puissance. N’hésitons pas à lui faire part de nos besoins, et mettons-nous à son écoute, afin qu’il nous indique notre part.
2°) « Mais qu’est-ce que cela pour tant de gens ? »
C’est par ces mots qu’un disciple de Jésus, André, exprime lui aussi son désarroi face à une situation impossible. Il faut nourrir environ cinq mille hommes avec cinq pains et deux poissons. Mission impossible ! Mieux vaut renoncer ! La question d’André, malgré les nombreux miracles dont il a été témoin, rejoint celle du serviteur d’Elisée. Comme elle rejoint aussi toutes nos questions face à nos impossibles. Chaque fois que nous disons : « Comment faire ? Comment réaliser ceci ou cela ? Ce ne sera pas possible, on ne pourra pas, nous n’avons pas de moyens suffisants… ». Comme chaque fois que nous tenons rapidement ce genre de discours, sans prendre le temps de réfléchir, de prier, de nous placer sous le regard de Dieu, de son amour, de sa bonté de sa toute puissance. Le mode opératoire de la multiplication des pains de Jésus ressemble assez à celui d’Elisée. A la différence, et elle est de taille, c’est qu’avec Jésus, c’est lui-même qui agit et qui rend possible l’impossible, parce qu’il est Dieu. Mais on peut remarquer que lui aussi manifeste sa toute puissance à partir de choses insignifiantes : un don de cinq pains et de deux poissons. Mais là encore, à aucun moment, les hommes ne sont investit d’une quelconque toute puissance qui leur serait propre. C’est toujours Dieu qui agit, c’est toujours lui le tout puissant. Dieu ne partage pas sa toute puissance, mais il nous invite à croire en en sa toute puissance. Et reste prêt à la déployer au besoin, dans le cadre d’un but précis. Ici et dans tous les miracles de Jésus, il s’agit de montrer que Jésus est le Messie, l’envoyé de Dieu, Celui qui doit expier le péché du monde en donnant sa vie sur la croix. Ce qui explique qu’après ce miracle, Jésus se retire à nouveau seul, dans la montagne, alors qu’on voulait le faire roi.
3°) « Nous portons ce trésor dans des vases de terre… »
Malgré toute sa connaissance, son œuvre grandiose, les nombreux miracles qu’il a réalisé, l’apôtre Paul reste modeste et surtout lucide. Il sait que la toute puissance appartient à Dieu et à Dieu seul. Il sait qu’il n’est qu’un simple serviteur, un instrument humain entre les mains du tout puissant. Il ne succombe pas à cette vielle tentation humaine de l’orgueil, à ce désir humain de toute puissance, d’être comme des dieux… Il ne tombe pas dans le piège du malin comme Adam. Apprenons nous aussi que nous sommes et nous resterons toujours des vases d’argiles dans ce monde.
Conclusion :
Rien n’est impossible à Dieu, tout est possible à Dieu, c’est la certitude de la foi. Ne doutons jamais de cela. C’est Dieu qui agit à cause de son amour, avec sa toute puissance, sa sagesse, sa volonté, sa vision des choses…
Tout est possible à celui qui croit aussi, c’est-à-dire à celui qui inscrit sa vie, ses besoins, les impossibles qu’il rencontre, dans le cadre de la foi, en l’amour, la bonté et la toute puissance de Dieu. Tout est possible à celui qui inscrit sa vie dans une communion intime avec Dieu, faite de confiance, d’humilité, de soumission et d’obéissance à celui qui demeure pour toujours le tout puissant. Confions-lui nos vies avec reconnaissance.
Pasteur Joël Mikaélian
25/07/2021