Esaïe 6. 1 à 8  /  Luc 5. 1 à 11

« Qui enverrai-je, qui donc ira pour nous… ? »

« Cherche témoins, femme ou homme, jeune ou vieux, libre tout de suite pour mission urgente… pour tous renseignements et candidature, s’adresser à Dieu ». Ceci n’est pas une annonce de « Pole emploi ». Ce n’est pas non plus une annonce que l’on peut trouver sur les réseaux sociaux professionnel. Mais si cette annonce vous intéresse, n’hésitez pas, c’est urgent ! Le monde va mal, ce n’est plus un secret pour personne. Nos médias se chargent de nous le rappeler chaque les jours. Mais c’est ce monde que Dieu aime. C’est pour sauver ce monde que Jésus a donné sa vie. Plutôt que de geindre, ou de se désoler, écoutons ce que Dieu veut nous dire ce matin à travers ces textes que nous avons lus. Quelle est la mission qu’il veut nous confier dans ce monde ? Comment la remplir fidèlement ?

1°) « L’année de la mort du roi Osias, je vis le Seigneur assis sur un trône élevé… »

Ce magnifique texte d’Esaïe nous ramène vers l’an 750 avant Jésus Christ. Le monde est idolâtre, le peuple d’Israël aussi. Dieu se révèle à Esaïe pour lui confier une mission. La mission commence par un entretien, un face à face avec Dieu. C’est là que le prophète va réaliser qui est Dieu. Esaïe découvre la grandeur, la puissance, la sainteté de Dieu, et sa misère. « Malheur à moi ! Je suis perdu ! » Dans cette rencontre, Esaïe est à la fois émerveillé et effrayé. Emerveillé par la sainteté de Dieu, effrayé par son état d’impureté. C’est en quelque sorte la même expérience, avec un degré moindre bien sûr, que Pierre fera devant Jésus suite à la pêche miraculeuse. « Retire-toi de moi, je suis un homme pécheur… ».Avant de nous confier une mission, le Seigneur nous invite à nous aussi à vivre un véritable un face à face avec lui. A réaliser sa grandeur, sa seigneurie, sa sainteté. Dieu règne sur tout l’univers. Il est élevé au-dessus de tout. Il est un Dieu vivant, à la fois « tout autre » que nous, à la fois proche de nous. En Jésus, il nous invite tous à cette rencontre, à ce face à face avec lui, à la conversion, la nouvelle naissance. Il nous invite à expérimenter sa grâce chaque jour, à entendre sa voix nous dire : « Ta faute est écarté, ton péché est effacé… ». C’est le cœur du message de l’évangile. Ce que Jésus nous dit à notre conversion, ce qu’il nous dit chaque fois que nous nous approchons de lui.

2°) « Va et dis à ce peuple… Jetez vos filets… »

Puis vient l’ordre de mission : « Va et dit à ce peuple », et non plus à mon peuple. La mission d’Esaïe est complexe. C’est une mission à risque, de l’ordre du jugement, des limites de la patience de Dieu. Il doit annoncer la destruction et l’exil, ce qui lui vaudra d’être détesté par ses contemporains. Dieu n’aurait-il pas pu dire ce qu’il avait à dire au peuple de façon directe ? Certainement oui, mais il choisit un porte-parole, un prophète qui obéira.

« Jetez vos filet… », l’ordre de mission donnée par Jésus aux disciples paraît plus simple, plus à leur portée. Ils savent faire. Mais là encore, on pourrait se poser la question : « Dieu n’aurait-il pas pu remplir les filets sans que Pierre n’ait eu à jeter les filets à la mer ? ». Cela aurait été un plus grand miracle encore ! Certainement que oui, mais Jésus choisit un autre mode opératoire. « Jetez vos filet… ». En quelque sorte : « faites ce que vous savez faire ».

« Vous serez mes témoins… », ce sont les dernières paroles de Jésus à ses disciples avant de quitter ce monde. Paroles qui viennent nous rejoindre ce matin et qui nous invitent. « Sois sans crainte, désormais tu seras pécheur d’hommes ». Voilà l’ordre de mission à suivre. Dans ce monde mal en point à bien des égards, entourés de tant de confusions, le Seigneur nous invite à nous aussi à la suite des disciples, à être des pécheurs d’hommes. Être et faire ce que nous savons faire, ce que nous pouvons faire pour apporter sa lumière dans ce monde, témoigner de son amour et de sa grâce.

3°) « Leurs filets se déchiraient… »

La pêche miraculeuse est une belle image de l’immensité de la grâce et de la puissance de Dieu. Quel pécheur n’aurait jamais rêver vivre une telle expérience ! Quelle église ne rêverait-elle pas d’un tel succès de son témoignage !  Extraordinaire ! C’est pourtant à partir d’un geste ordinaire que Jésus réalise le miracle. Le surnaturel de Dieu s’exprime à travers le naturel de l’homme qui croit, comme Pierre. Le miracle ne vient jamais de nous, il vient toujours de Dieu, de son intervention surnaturelle dans nos gestes naturels. Une prière, un appel téléphonique, un texto avec un texte biblique, un sourire, une parole, une attention… Quant au résultat, il faut être prêt à tout ! Esaïe a été détesté de tous les siens. Mais il a reçu et nous a transmis les plus belles paroles messianiques. On lui doit de magnifiques textes d’encouragements. Son appel a inspiré bon nombre de serviteur de Dieu. Les précisions de ses révélations concernant le Messie, son œuvre de salut, de pardon des péché, la croix ont touché je ne sais combien de croyants ! Les disciples aussi ont dû déchanter parfois. Ils ont dû accepter qu’il n’y avait pas de pêche miraculeuse tous les jours ; qu’il était peut-être plus simple d’être pécheur de poissons que d’être pécheur d’homme ! Mais ils ont accompli leur mission fidèlement jusqu’à la fin de leur vie.

Conclusion :

« Qui enverrai-je, qui donc ira pour nous… ?

La question reste posée, elle s’adresse au-delà d’Esaïe à tous les croyants, à tous les chrétiens. « Me voici, envoie moi… », c’était la réponse d’Esaïe. « Laissant tout, ils le suivirent… », c’était la réponse des premiers disciples de Jésus. Quelle sera la nôtre ? Que Dieu fasse de nous des témoins conscients de sa grandeur et de sa sainteté, conscient de nos faiblesses, mais ayant foi en sa grâce et en sa puissance.

Pasteur Joël Mikaélian

06/02/2022