Michée 5. 1 à 4 / Heb. 10. 5 à 10 / Luc 1. 39 à 45

« Je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté… »

Alors que le monde s’interroge sur son devenir, que les scientifiques et les politiques redoublent d’efforts pour contenir la crise sanitaire, le réchauffement climatique, les vagues de violences humaines ; alors que chacun essaie à sa manière de « sauver ce monde » à grand renfort de programme, de promesses, Noël qui approche, vient nous rappeler la naissance du véritable Sauveur du monde, Jésus. Son salut est à la fois temporel, puisqu’il s’inscrit dans le temps et s’incarne dans ce monde ; mais il est aussi éternel, car il nous vient de l’Eternité, de Dieu lui-même. Les textes bibliques de ce dernier dimanche de l’Avent, nous invitent à méditer sur la nature de ce sauveur, son programme, le salut qu’il est venu accomplir. Ils nous invitent à méditer sur la volonté de Dieu et questionne la nôtre aussi. Quelle est sa volonté ? Quelle est notre volonté ?

1°) « Et toi Bethléem Ephrata, trop petite pour compter… »

Bien des siècles avant la naissance de Jésus, le prophète Michée recevait la révélation du lieu de naissance su Sauveur du monde. Le lieu choisit, à quelques kilomètres de Jérusalem, est tout un symbole. Il révèle déjà à lui seul tout un programme. A savoir que Dieu ne fait pas de distinction entre ce qui est grand et ce qui est petit ; entre les forts et les faibles. Pour lui, même ce qui est insignifiant, comme Bethléem, ce qui ne compte pas selon les critères de ce monde, compte. Il choisit ce qui est humble, il valorise ce qui est petit, ce qui est méprisé des grands de ce monde. C’est tout un programme social que Jésus confirmera par son ministère. C’est une des facettes de la volonté de Dieu. Dieu veut le bien de tous. Il ne fait aucune discrimination. Il relève le faible. Il accorde une attention particulière à ceux que le monde méprise.

Bien des siècles avant la naissance de Jésus, le prophète Michée recevait aussi la révélation de l’origine du Sauveur du monde. Dieu lui révèle que celui-ci existe déjà. Ses origines remontent aux temps anciens. Une formule pour dire une existence qui dépasse notre temporalité. Dieu lui révèle aussi que celui qui va naître sera comme un bon berger. Un berger qui conjuguera l’amour, la compassion, la bienveillance avec la puissance, la force de Dieu. Il apportera la paix jusqu’aux extrémités de la terre. Le salut sera universel. La volonté de Dieu est que tous les hommes soient sauvés (cf 1 Tim. 2. 4)

Quelle grâce ! En Jésus, Dieu te dit que tu comptes à ses yeux, même si tu ne compte pas aux yeux des hommes ! En Jésus, sa volonté est de te sauver toi, mais pas que, il veut sauver tous les êtres humains. Sa volonté c’est d’être ton berger, de prendre soin de toi. Oui, la volonté de Dieu est bonne agréable et parfaite.

2°) « En ce temps là… »

Les siècles ont passés, Dieu n’a pas oublié sa promesse. Sa volonté s’inscrit dans le temps. On pourrait même dire dans le temp long ! Dieu n’est pas stressé par les années qui passent, il est éternel. Les siècles ont passés, un ange rend visite à une jeune fille qui s’appelait Marie nous dit le texte de l’évangile de Luc. Il lui dit des choses étranges, impossibles même. Il précise un mode de conception qui la dépasse : « L’Esprit Saint viendra sur toi… celui qui va naître sera Saint… Fils de Dieu… Car rien n’est impossible à Dieu… ». Le sauveur du monde n’est pas de ce monde. Marie est bouleversée par la grâce de Dieu, par la volonté de Dieu qu’elle fait sienne : « Qu’il me soit fait selon ta parole ». Lorsque notre volonté s’accorde à celle de Dieu, cela produit alors une joie et une paix merveilleuse. Marie l’exprimera de façon admirable par le cantique qui suit : « Mon âme exalte le Seigneur… ». Quelle joie, d’être au bénéfice de la grâce de Dieu, de son amour, de sa bienveillance, de ses bénédictions ! Combien sommes-nous bouleversés, émerveillés… nous qui avons cru, qui avons accueilli le Sauveur du monde dans nos vies ? Nous qui sommes au bénéfice de sa grâce. Marie et Elisabeth, découvrent avec émerveillement qu’elles s’inscrivent dans le projet de Dieu, de sauver le monde. Deux femmes, choisies pour être instruments de Dieu dans l’accomplissement de sa volonté. Elles sont remplies du Saint Esprit. Sommes-nous conscients que Dieu nous a aussi choisi pour que nous soyons ses témoins dans ce monde ? Est-ce notre volonté ? Pouvons-nous dire comme Marie : « Qu’il me soit fait selon ta parole ».

3°) « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté… »

Jésus aussi a accepté de faire la volonté de Dieu. L’auteur de l’épître aux Hébreux met ces paroles du Ps 40 dans la bouche de Jésus. « C’est pourquoi, en entrant dans le monde le Christ dit… ». Cette interprétation révèle à quel point la nature du salut est une grâce, combien cette volonté de Dieu est puissante. Combien le sacrifice de Jésus à la croix est tout suffisant, unique et permanent pour nous sauver. « C’est dans cette volonté que nous avons été sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus Christ, faite une fois pour toute ». La volonté de Dieu est aussi que nous soyons sanctifiés, rendu saint, par cette offrande, ce sacrifice de Jésus. L’auteur de l’épître aux Hébreux nous dit avec force que Dieu ne veut pas de nos sacrifices, de nos justifications. Il sait qu’elles sont toutes vouées à l’échec. Nous sommes incapables de satisfaire la sainteté de Dieu. Ce que Dieu veut de nous, ce que sa grâce demande de nous, c’est d’abord et avant tout, l’aveu de notre incapacité à faire le bien et l’acceptation de sa grâce. La volonté de Dieu pour nous, c’est que nous acceptions la sienne pour nous. Que nous acceptions la valeur du sacrifice de Jésus Christ. Un sacrifice unique, un sacrifice rédempteur, qui annule notre dette envers Dieu, efface nos fautes, nos imperfections, et nous rend pur devant Dieu.

« Je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté… »

Après avoir accepté sa grâce, nous pouvons rejoindre le psalmiste dans sa prière : « Mon Dieu, je veux faire ce qu’il te plait… ». C’est à partir de là que ma volonté est appelée à rejoindre la sienne. Que je suis invité à dire comme Jésus : « non pas ma volonté mais la tienne ». Volonté de valoriser ce que le monde méprise, volonté de participer au salut spirituel du monde, volonté d’aimer mon prochain.

Sa volonté est que j’accepte sa grâce, que je me réjouisse de son salut, que je le chante, que je l’adore, que je sois rempli de son Esprit Saint. Sa volonté pour toi, pour moi, est que je croisse dans la sainteté, que je me laisse transformer, façonner par l’Esprit Saint, que je puisse dire à mon tour : « Me voici… je veux faire ce qu’il te plait… ». Aimer comme tu m’as aimé, pardonner comme tu m’as pardonné, prier et témoigner pour ce monde que tu as tant aimé. Que ce soit notre prière en ce temps de Noël.

Pasteur Joël Mikaélian

19/12/2021