Marc 7. 6 à 23 / Jacq. 1. 26 et 27
« La religion pure et sans tache devant Dieu le Père, la voici… »
« Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas… ». Difficile d’interpréter cette déclaration, attribuée à André Malraux. Que voulait-il dire par là ? A quelle religion faisait-il référence ? Annonçait-il de façon prophétique un « retour » du religieux tel que nous le voyons aujourd’hui ? Retour, à certains égards, plus inquiétant que réjouissant ! L’actualité semble lui donner raison. La religion ne cesse de s’inviter dans l’actualité et dans le débat public aujourd’hui. Que ce soit en France avec les lois sur le « séparatisme », que ce soit dans le monde avec la monté des radicalismes religieux de toutes sortes, et malheureusement, les drames qui les accompagnent au Moyen Orient, en Asie ! Tout ceci interroge, surprend, inquiète à juste titre d’ailleurs. Comment les choses vont-elles évoluer ? Allons-nous vers un « choc des civilisations », ou plutôt vers un « choc des religions » ? Nul ne peut le dire. Mais il semble important que dans cette confusion « religieuse », les chrétiens puissent, plus que jamais, garder le cap, vivre et témoigner d’une véritable « religion » chrétienne. C’est sur ce thème que je vous invite à méditer.
1°) « La religion pure et sans tache… »
Qu’est ce qu’une religion pure et sans tache ? Qu’est ce qu’une religion ? Il est vrai que le mot n’est pratiquement pas usité dans le NT. D’ailleurs, les protestants évangéliques lui donnent souvent un sens péjoratif. (Il ne fait pas bon d’être « religieux » chez les évangéliques !). Ce terme évoque souvent chez nous les chrétiens « non pratiquants ». Mais d’une façon générale, le terme désigne un ensemble de rites, de pratiques en relation avec le divin, le spirituel, l’au-delà. Ce qui veut dire que le terme ne se suffit pas à lui-même, il a besoin d’un qualificatif. Il y a « religion » et « religion ». D’où l’importance de dire ce qu’est une religion pure, comme l’a fait Jésus, comme le fait le texte de l’épître de Jacques. La religion pure et sans tache est tout d’abord, celle qui met le croyant en relation avec un Dieu Père. C’est toute la singularité de la religion chrétienne face à toutes les autres religions. En Jésus Christ, le Dieu éternel et tout puissant, créateur de toutes choses, Saint et pur, juste et miséricordieux devient le Père de tous ceux qui croient. La religion pure et sans tache est celle qui met le croyant en relation avec un Dieu qui pardonne les fautes, les manquements, les défaillances, les infidélités. Ceci grâce au sacrifice du Christ qui a accepté de prendre sur lui la juste condamnation de nos fautes et celles du monde entier. C’est par lui seulement, par la repentance et la foi dans la valeur de son sacrifice, que Dieu fait de nous ses enfants. En Jésus Christ Dieu devient notre Père. Il est notre Père. Il est ton Père si tu crois en Jésus, un Père qui t’aime, qui veille sur toi, qui prend soin de toi. Un Père à qui tu peux t’adresser en permanence avec confiance. Un Père qui aime être en relation, en communion avec toi au moyen de l’Esprit Saint. Un Père qui peut te parler chaque jour, chaque instant par sa Parole, par ce qu’il met autour de toi, par ce qu’il fait pour toi… A chacun de lui parler, de le remercier, de l’adorer, de lui rendre un culte, non pas des lèvres seulement, mais avec tout son cœur. La religion pure et sans tache est une grâce merveilleuse, une relation vivante, heureuse, joyeuse avec Dieu le Père.
2°) « La religion pure est sans tache… »
C’est aussi : « Visiter les orphelins et les veuves dans leurs détresses… ». Par ces termes, Jacques nous donne des exemples concrets du « second » commandement de Jésus « Tu aimeras ton prochain comme toi-même… ». Avec une priorité pour ceux qui sont dans la détresse et que Dieu place sur notre chemin. Il n’y a pas de religion véritable, qui ne témoigne de l’amour de Dieu. Un Dieu dont l’amour n’est pas que sentiment, n’est pas que des mots, mais des actes, des actions de compassion envers ceux qui souffrent. Il s’agit d’être attentif aux autres, sensible à leurs besoins, et de faire ce que nous pouvons pour leur bien. Prier certes, mais aussi visiter, écouter, parler, agir selon ce que Dieu met sur notre cœur par son Esprit. La religion pure et sans tache nous invite à nous décentrer de nous même pour nous tourner les uns vers les autres. Que ce soit dans nos familles, dans l’église, sur notre lieu de travail ou d’étude… De le faire avec modestie, sans orgueil, sans attentes de réciprocité. L’amour dont Dieu nous aime est un amour gratuit, que le nôtre le soit aussi. Il ne s’agit pas ici de faire un catalogue de bonnes actions, de rite ou de pratique. Ce qui risque de nous faire tomber dans le piège de la « religiosité » des lois humaines (C’était le cas des religieux de l’époque de Jésus). Il s’agit de vivre en communion avec Dieu et de se laisser conduire par son Esprit pour pratiquer des œuvres de compassion.
3°) « La religion pure et sans tache… »
C’est aussi : « se garder du monde pour ne pas se souiller… ». Être en relation avec un Dieu Saint demande certaines exigences, même si le concept n’est pas très populaire aujourd’hui. Et ces exigences, ne sont pas toujours celles que l’on croit, ou celles que notre « religion » nous indique. A l’image des juifs du temps de Jésus qui observaient tout un rituel autour des ablutions d’eau, craignant d’être souillé intérieurement par tel ou telle chose provenant de la nourriture. Certes, l’hygiène corporelle et l’hygiène alimentaire sont nécessaires. Il ne s’agit pas ici de les dénigrer. Mais ce que Jésus explique, c’est qu’elles n’ont pas grand-chose à voir avec la pureté de la vie intérieure. Ce que les religieux juifs de l’époque de Jésus ne comprenaient pas. Ce que certaines religions ou spiritualités ne comprennent toujours pas aujourd’hui encore. La pureté intérieure vient bien sûr du pardon de Dieu, du sang du Christ qui nous purifie de tout péché. C’est une grâce qui nous est donnée. Mais sa pérennité vient aussi de notre vigilance, de notre obéissance à la Parole de Dieu. C’est notre cœur, notre vie intérieure qui doit être pure. C’est ce que Jésus essaie de faire comprendre à la foule et à ses disciples. Et pour être sûr d’être bien compris, il n’hésite pas à énumérer les vices, les péchés qui polluent le cœur humain et mène à la perdition. « Intentions mauvaises, inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidité, perversités, ruse, débauche, envie, injures, vanité, déraison… ». Voilà dit Jésus ce qui souille l’homme et le rend impur. C’est pour cela et de cela qu’il a besoin de se repentir afin d’être pardonné, sauvé. C’est de cela qu’il nous faut nous éloigner pour vivre une véritable religion, véritable relation avec le Dieu Saint. Pour que notre religion soit une religion vraie, vivante capable d’impacter notre environnement.
Conclusion :
« La religion pure et sans tache devant Dieu le Père, la voici… »
Dans ce monde déboussolé, soyons de véritables « religieux ». C’est-à-dire des hommes et des femmes en relation avec Dieu comme Père en Jésus Christ, à l’écoute de l’Esprit Saint. Sensibles aux besoins de ceux qui nous entourent, et veillant à garder un cœur pur, sans cesse purifié par le sang du Christ.
Pasteur Joël Mikaélian 29/08/2021