Gen. 15. 1 à 6 / Luc 2. 36 à 38
« Ne crains pas… c’est moi ton bouclier… ta récompense sera grande… »
Au seuil de cette nouvelle année, l’exemple d’Abram vient nous rejoindre dans nos questionnements, nos craintes, nos incertitudes face à l’inconnu. Nul ne sait ce que sera l’année 2024 dans notre monde en guerre, où l’option militaire prime sur la diplomatie, la concertation, la recherche du bien commun… Nul ne sait ce que sera l’année 2024 dans une société où l’égoïsme, le repli sur soi, la violence, tend à évacuer toute forme de bienveillance, de sollicitude, d’acceptation de l’autre. Nul ne sait ce que sera l’année 2024 dans une Eglise traversée par des scandales, dans un monde de plus en plus hostile à l’évangile et à son message d’amour, de paix, de justice, de salut. Nul ne sait, mais Dieu sait, et il nous parle, il parle par sa parole à qui veut bien écouter, il nous parle ce matin à travers l’expérience d’Abram et d’Anne. Quel message recevoir ? Face à l’inconnu, que faire ?
1°) « Abram, ne crains pas… »
De ce temps-là, Abram évolue dans un monde hostile. Pour obéir à Dieu, il a quitté son pays, sa sécurité, un environnement familier, sans savoir où il allait. Abram s’est lancé avec foi, avec confiance dans l’inconnu. Il avait comme seule espérance, une parole, une promesse de Dieu. « Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai » (Gen. 12. 2). Abram accepte le défi. Mais quelques années plus tard, il se décourage, il commence probablement à avoir peur, à être troublé devant le silence de Dieu. C’est à ce moment que Dieu vient à nouveau vers lui pour lui dire : « Ne crains pas Abram… c’est moi ton bouclier… ta récompense sera grande… ». Ne crains pas, je te protège comme un bouclier, je n’ai pas oublié la promesse.
Il en va de même pour nous qui avons placé notre confiance en Dieu, en Jésus Christ, en son salut, sa grâce, son pardon. Nous pouvons parfois être traversé par des moments de doutes, de craintes, d’inquiétude face à des situations difficiles ou face à l’inconnu. C’est là que Dieu vient vers nous, pour nous rassurer, nous rappeler qu’il est là, nous rappeler ses promesses de salut, d’aide, de protection, de soutien… Comme il nous le dit par le prophète Esaïe : « Ne crains rien car je suis avec toi ; ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu ; je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens… ». (Es. 41. 10)
Ne doutons pas de l’amour, de la bienveillance de Dieu face à l’inconnu, au seuil de cette nouvelle année pleine d’incertitudes. Confions-nous-en lui, confions-lui nos familles, notre église, nos frères et sœurs, notre monde malade. Appuyons-nous sur les promesses de Dieu.
2°) « Regarde le ciel… » dit Dieu à Abram :
Dieu ne se contente pas de rassurer les craintes et les peurs d’Abram. Il l’invite aussi à regarder plus loin que son état présent. Alors que Dieu renouvelle sa promesse à Abram, celui-ci lui renvoi un constat sans appel. « Voici, tu ne m’as pas donné de descendance… ». En d’autres termes : « Seigneur c’est bien beau tout ce que tu me dis, mais tu n’as rien fait pour moi, rien du tout ! Regarde je n’ai rien ! C’est bien réel, factuel ! ». Mais regarde dit Dieu : « Regarde le ciel, compte les étoiles… » Prend conscience de ma grandeur, de ma force, de ma puissance à travers cet univers que tu ne peux délimiter, regarde et ai confiance. « Abram eut foi en Dieu… » mais pas pour longtemps malheureusement ! Quelques années plus tard, il forcera le destin avec la servante de sa femme. Mais Dieu ne lui en tiendra pas rigueur et réalisera tout de même sa promesse en son temps.
« Le sage montre la lune, le sot regarde le doigt », dit un proverbe chinois. Combien il est tentant pour nous aussi, de regarder le doigt plutôt que la lune. De ne considérer que nos circonstances présentes, comme Abram, avec leurs limites, leurs impasses, les portes fermées ou qui se ferment… De se plaindre ou de s’apitoyer sur soi comme Abram… Combien il est plus facile de regarder nos présents instables, compliqués, ou de considérer avec crainte nos bonheurs fragiles et vivre sans regarder au Seigneur lui-même, à celui qui change les circonstances, qui peut tout changer, tout transformer, à tout moment, et faire même au-delà de ce que nous demandons ou pensons (Eph. 3. 20)
Portons nos regards plus loin que les circonstances de nos vies et du monde qui nous entoure. Regardons la grandeur de Dieu, l’immensité de sa sagesse, de sa puissance. Portons nos regards vers le monde nouveau qui vient, vers le royaume de Dieu.
3°) « Ta récompense sera grande… »
Il est important de signaler que la récompense dont il est question ici, n’est pas le résultat d’un marché entre Dieu et Abram. Dieu est un Dieu généreux. Généreux avec Abram, généreux avec nous qui croyons. Le salut en Jésus Christ, la vie éternelle, ses bénédictions sont le fruit de sa grâce, de son amour envers nous et non les clauses d’un marché. Dieu ne marche pas dans ce que l’on appelle aujourd’hui « la théologie de la prospérité », une théologie largement répandue dans les milieux évangéliques. Théologie qui dit qu’il faut donner à Dieu pour qu’il nous donne. Lorsque nous donnons, Dieu nous bénit en retour… Ce qui n’est pas du tout le sens du don. Le don à Dieu, est une offrande volontaire que nous faisons en signe de reconnaissance à Dieu, de remerciement. C’est une façon pour nous de reconnaître que tout ce que nous avons-nous vient de Dieu, et que nous lui en offrons volontairement la dîme.
Dieu est un Dieu généreux, même s’il faut parfois attendre longtemps la réalisation de ses promesses. Ayons foi dans les promesses de Dieu. « Si elle tarde, dit le prophète Habacuc, attend là, car elle s’accomplira, elle s’accomplira certainement » (Hab. 2. 3). « Dieu fait toutes choses belles en son temps » dit l’Ecclésiaste (Eccl. 3. 11) Apprenons à attendre, comme Anne, la prophétesse, qui à 84 ans a vu la réalisation de la promesse de Dieu et a accueilli l’enfant Jésus lors de sa présentation au Temple. On ne sait pas grand-chose de cette femme. Mais ce que l’on sait est suffisant pour nous enseigner, nous communiquer un message, nous dire quelle doit être la nature de notre attente. « Elle ne s’écartait pas du Temple, participant au culte nuit et jour, par des jeûnes et des prières »
Au seuil de cette nouvelle année soyons aussi de celles et de ceux qui s’attendent au Seigneur, et qui attendent le Seigneur avec foi, confiance, fidélité dans le service, dans le jeûne et la prière.
Conclusion :
« Ne crains pas… c’est moi ton bouclier… ta récompense sera grande… »
Au seuil de cette nouvelle année, ne doutons pas de l’amour, de la bonté, de la fidélité du Dieu qui nous sauve et nous garde en Jésus Christ.
Ayons confiance en ce Dieu qui nous accompagne et nous conduira pas après pas dans cette nouvelle année. Regardons toujours à lui et non seulement aux circonstances. Les circonstances ne sont que temporaires, de plus, notre Dieu peut les changer comme il veut, quand il veut. Ses promesses sont éternelles.
Attendons-le comme Anne, dans le service, le jeûne, la prière, et la participation fidèle à la vie de l’église.
Pasteur Joël Mikaélian
31/12/2023
