Jos. 24. 14 et 15 / Jean 6. 60 à 69
« Seigneur, à qui irions-nous ? »
La vie de tout un chacun est faite de choix, de décisions, bonnes ou mauvaises. Il est de bonnes décisions qui construisent nos vies et qui font du bien autour de nous. Mais il est aussi parfois de mauvais choix que l’on fait, des postures que l’on adopte, dans le domaine des idées, des relations, qui détruisent nos vies et celles de notre entourage. D’où l’importance de nous interroger régulièrement sur nos choix, nos décisions afin de les ajuster ou de les délaisser si nécessaire. Et c’est bien. Cela nous permet de changer ce qui doit l’être, que ce soit sur le plan personnel, relationnel, professionnel ou spirituel. Mais il est vrai aussi qu’il est des décisions qui engagent nos vies de telle façon qu’il est difficile de revenir en arrière. Ce peut être le mariage, une vocation de service, un engagement professionnel, ou encore des engagements financiers… Dans ces cas-là, il faut certainement bien prier et réfléchir avant. Les textes bibliques que nous venons de lire nous questionnent autrement, sur un choix fondamental, qui ne concerne pas cette vie seulement, mais l’éternité. C’est sur lui que nous méditerons ce matin : suivre Jésus.
1°) « Moi et ma maison, nous servirons l’Eternel… »
Tel est l’engagement de Josué. Facile à dire, mais peut être plus compliqué à mettre en œuvre. Car il ne s’agit pas, pour Josué, d’un choix personnel seulement, mais d’une décision qui l’engage lui et toute sa famille. A cette époque, Josué est à la tête d’un peuple qui a maintes fois renié ses engagements vis-à-vis de son Dieu. Il le sait, il l’a vu, il a même dû subir parfois les conséquences des désobéissances des autres. Mais à la fin de sa vie, il rassemble quand même tous les anciens du peuple. Et il leur rappelle tout ce que Dieu a fait pour eux, d’Abraham à Moïse, de l’Egypte au pays promis de Canaan. Puis il les place devant un choix : celui de craindre et de servir le Seigneur avec intégrité et fidélité ou pas. « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir… ». Et de rajouter : « Moi et ma maison, nous servirons l’Eternel… ». Plus qu’une décision, c’est un acte de foi, un acte de foi qu’il invite à faire aussi. C’est un engagement, une prière, une conviction forte qui n’entrainera pas seulement sa famille, mais tout le peuple aussi. Suite à ses propos, le peuple dira : « Nous servirons le Seigneur, notre Dieu, et nous écouterons sa voix » (Jos. 24. 24). Voilà ce qu’est le choix fondamental, la décision que tout un chacun doit prendre et doit sans cesse renouveler. C’est un acte de foi, une prière, un vœu que nous aussi, devons faire et renouveler. Pour cela, il ne faut jamais regarder à ceux qui doutent, aux septiques, aux chantres des idolâtries ambiantes, mais à Dieu seul, comme Josué.
Que Dieu nous donne cette foi, ce courage, cette conviction de faire le choix de vivre sous son regard, lui rendre un culte qui l’honore, l’aimer et aimer notre prochain.
2°) « Cette parole est dure ! »
Mais on le voit, un tel engagement n’est pas neutre. Il soulève nécessairement de l’opposition et demande des sacrifices, des renoncements… C’est probablement ce que réalise la foule qui suivait Jésus lorsqu’elle déclare : « Cette parole est dure ! » De quoi s’agit-il au juste ? Jésus vient de se présenter comme étant le pain de vie qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Il donne la vie éternelle à celui qui en mange, c’est-à-dire, à ceux qui croient en lui. A ceux qui croient à l’efficacité de son sacrifice à la croix. Mais Jésus va plus loin. Il explique qu’il s’agit aussi de s’approprier et de partager la souffrance qui sera la sienne. Il s’agit de : « Manger sa chair… boire son sang… ». Ce qui n’est pas seulement prendre la cène en mémoire de son sacrifice, mais accepter aussi de communier à ses souffrances, comme le dira plus tard l’apôtre Paul : « Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritier ; héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui » (Rom.8. 17). « Cette parole est dure ! Qui peut l’écouter ? ». C’est ce que beaucoup de disciples de Jésus se sont dit. Et à partir de là, beaucoup d’entres-eux cessèrent de faire route avec lui. Ils attendaient autre chose du Christ, du Messie.
Ne sommes-nous pas nous aussi tentés de « décrocher » parfois, de prendre de la distance, de renoncer à notre engagement à suivre Jésus, parce que nous n’avons pas le retour attendu ? Ou parce que cela demande trop de sacrifices, de renoncements à soi, à son confort, à ses projets… Que penser alors de ceux qui souffrent à cause de leur foi et de leur engagement ? Ceux qui sont persécutés comme c’est le cas de beaucoup de chrétiens dans le monde aujourd’hui ?
3°) « Et vous, ne voulez-vous pas partir ? »
Jésus ne se laisse pas démonter ! Il ne panique pas comme le ferait tout leader qui se respecte devant la défection de ses troupes. Bien au contraire ! Le texte précise qu’en fait, Jésus savait très bien la qualité de la foi de ceux qui le suivaient. Il connaissait ceux qui croyaient vraiment. Jésus n’a jamais été impressionné par la foule qui le suivait. Il n’a pas plus été découragé lorsqu’il s’est retrouvé seul à son procès, puis sur la croix. Il savait toutes choses.
Aujourd’hui encore, le Seigneur ne cherche pas la popularité, le succès humain. Il cherche des disciples. Des hommes et des femmes prêts à tout pour lui, des disciples. Des croyants qui le servent envers et contre tout, quelle que soit les circonstances, l’attitude des uns et des autres, le prix à payer pour être témoin de l’évangile, témoin de son amour dans le monde. Et il nous dit à nous aussi : « Et vous, ne voulez-vous pas partir ? »
Conclusion :
« Seigneur, à qui irions-nous ?… Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant… ».
La vie est faite de choix, de décisions, parfois difficiles mais oh combien salutaire et utile. Surtout celui de craindre Dieu et de le servir, celui de suivre Jésus.
Avons-nous fait cet acte de foi, cette prière comme Josué : « Moi et ma maison nous servirons l’Eternel… »
Avons-nous fait le choix fondamental du suivre le Christ quoi qu’il en coûte ? De le craindre et de le servir dans son église, son œuvre, auprès de notre prochain ?
N’hésitons pas à prendre cet engagement et à le renouveler chaque fois que cela est nécessaire.
Pasteur Joël Mikaélian
22/08/2021