Deut. 6. 2 à 6 / Marc 12. 28 à 34

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… »

« Dieu réunit ceux qui s’aiment… », ces paroles ne sont pas des paroles de l’évangile. Ce sont les dernières paroles de l’hymne à l’amour chanté par Céline Dion à l’ouverture des JO de Paris. Une chanson bien connue d’Edith Piaf, qui nous parle de l’amour, de la force de l’amour. Certes, il s’agit là d’un amour humain entre deux êtres, d’un amour sentimental, éphémère, avec ses forces et ses limites aussi, mais il fait toujours vibrer et toucher les émotions de plusieurs. Mais il en va autrement, de l’amour de Dieu et de celui que nous sommes appelés à avoir et à développer avec Lui. Qu’est ce qui est primordial ? Quel est le premier commandement, le plus important, l’essentiel… C’est quoi ? C’est la question de ce scribe à Jésus. Bonne question ! Au milieu du brouhaha médiatique, de la multiplicité de messages sur ce qui est essentiel, ce commandement que Dieu a donné à Moïse et à son peuple, repris par Jésus, résonne comme une injonction : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… ».

Aimer Dieu, vaste sujet ! Facile à dire, à chanter… Plus difficile peut-être à vivre vraiment. Les textes bibliques de ce matin, nous invitent à revisiter ce commandement, à le vivre tout à nouveau ce matin en prenant la Cène.

Pourquoi aimer Dieu ? Comment ? Qu’est-ce-que cela implique pour moi aujourd’hui, pour nous en tant que communauté ?

 

1°) Pourquoi aimer Dieu ? 

Tout d’abord parce qu’il est unique, nul n’est comme lui, il est incomparable, il est le seul et unique Dieu. Cette affirmation du monothéisme nous invite à concentrer notre attention sur un Dieu unique. Un Dieu sans rival, sans égal, qui ne peut accepter de rival. Dans un environnement polythéiste, Dieu dit : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face… ». Ce qui indique que l’amour que nous devons avoir pour Dieu, doit être un amour particulier, exclusif, unique. Un amour qui doit se distinguer de tout autre forme d’amour. 

Pourquoi aimer Dieu ? Parce qu’il nous a aimé le premier dit l’apôtre Jean. « Pour nous, nous l’aimons parce qu’il nous a aimé le premier » (1 Jean 4. 19) « Dieu est amour », c’est le thème qu’il développe dans sa première lettre aux chrétiens. Ce qu’il nous dit, ce que dit aussi l’apôtre Paul, c’est que Dieu nous aime d’un Amour inconditionnel et Eternel. Lorsque nous étions pécheur, Christ est mort pour nous (Rom. 5. 8) Dieu n’a pas attendu qu’on l’aime pour nous aimer. Il n’attend pas qu’on l’aime pour nous aimer aujourd’hui. Il nous aime nous, comme le monde entier. C’est un fait. Nous n’y sommes pour rien ! Son Amour est éternel et pour tous. Chacun est important, a la même valeur pour lui ! Quel contraste avec notre monde, avec cet amour sélectif chanté par Céline Dion, amour éphémère. Quel contraste avec notre fonctionnement, notre conception et notre pratique de l’amour ! 

Pourquoi aimer Dieu ? Pour notre bien. Car c’est lorsque je réponds à cet amour inconditionnel de Dieu que je peux goûter à ses bienfaits. C’est pour cela que Dieu nous demande de l’aimer. Dieu n’a pas besoin de notre amour. Dans l’absolu, Dieu est parfait, tout suffisant, il ne lui manque rien, il n’a besoin de rien ! C’est pour notre bien qu’il nous demande de l’aimer. Ce n’est pas pour lui, comme on le pense parfois. C’est nous qui avons besoin d’être aimé, c’est le besoin profond de chaque être humain et seul l’amour de Dieu peut répondre à ce besoin. 

 

2°) « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur… »

Comment aimer Dieu concrètement ? Comment aimer ce Dieu qu’on ne voit pas, qui n’est pas un humain comme nous ? L’amour ne peut prendre vie sans relation. L’amour narcissique n’est pas l’amour. Il n’est qu’une mauvaise forme, mauvaise compréhension de l’amour. L’amour prend forme et s’épanoui dans la relation à un autre. Il en va de même de l’amour pour Dieu. C’est dans la relation avec lui, que l’amour de Dieu pour nous et que notre amour pour lui prend forme et s’épanoui. Il ne suffit pas de dire ou de chanter : « Je t’aime Seigneur… », pour que cet amour devienne réel. Aimer, ce n’est pas que des mots. Les mots d’amour, même les plus beaux, sonnent creux s’il n’y a pas de relation. 

Comment aimer Dieu ? Comment cet amour peut changer, transformer nos vies et nous aider dans notre quotidien ? En développant notre relation avec Dieu, et en nous engageant de tout notre être. Tu aimeras, « De tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force… » C’est un amour total sans demi-mesure que Dieu demande de nous. C’est dans le dialogue intime, profond, que l’amour de Dieu et le nôtre se rencontrent et se développent. Et ceci a été rendu possible grâce à la croix, grâce au sacrifice du Christ. Aimer, ce n’est pas que des mots, des émotions, des sentiments. Aimer Dieu, c’est une décision à prendre et à renouveler régulièrement. C’est le sens de la Sainte Cène qui vient sans cesse nous rappeler l’immensité de l’amour de Dieu, sa nature inconditionnelle, totale ; sa force, sa puissance de pardon. Chaque fois que nous la prenons, nous proclamons cet amour et nous y répondons avec amour, gratitude. Ce qui importe dans nos vies, ce qui est essentiel, c’est d’aimer Dieu totalement, de cultiver notre amour pour lui, par du temps passé avec lui, dans l’écoute de sa parole, dans la prière. Tu ne peux pas dire que tu aimes Dieu, si tu ne penses à lui qu’occasionnellement, ou seulement en cas de besoin, lorsque tu as quelque chose à lui demander. 

Aimer Dieu, c’est aussi lui obéir, désirer sa présence, rechercher sa présence, rechercher ce qui lui fait plaisir. C’est avoir soif de Lui et d’une vie qui recherche la sainteté, par la confession de nos fautes et la repentance. Aimer Dieu, c’est vivre une vie faite d’adoration, de gratitude, de prières dans les épreuves, de service dans l’église. Aimer Dieu, c’est vivre dans l’espérance extraordinaire que « Rien, pas même la mort, ne pourra nous séparer de son amour manifesté en Jésus Christ notre Seigneur ». Que cette espérance nous anime, nous inspire, nous réjouisse, nous console. Aimons Dieu d’un amour total, d’une obéissance totale, et nous serons comblés intérieurement. 

 

3°) « Et ton prochain… » 

Dans sa réponse au scribe qui l’interroge, Jésus ajoute une dimension communautaire au premier commandement, l’amour du prochain. Pourquoi ? Pourquoi Jésus relie ce commandement à un autre ? Probablement que Jésus se méfie d’une sorte de religion personnelle, individuelle, qui fait totalement abstraction de l’autre, du prochain. Jésus se méfie de cette dérive. L’apôtre Jean s’interroge : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? ». En ajoutant cette dimension communautaire, Jésus implique tout le monde. Nous devenons tous responsables les uns des autres, responsables de nous aimer, nous apprécier les uns les autres dans l’église et au-delà. C’est aussi cette dimension communautaire que nous sommes invités à vivre lorsque nous prenons la Sainte Cène. Cet aspect collectif, communautaire est là aussi pour nous éviter de nous enorgueillir, de penser que Dieu n’aime que nous. Alors que Dieu aime chaque être humain et qu’il veut sauver chaque être humain, bénir chaque être humain de son amour et de sa présence.   

 

Conclusion : 

Aimer Dieu et son prochain vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. « Tu as bien compris… » dit Jésus au scribe qui l’a interrogé. Le scribe a bien compris. Et nous, avons-nous bien compris ?

Pasteur Joël Mikaélian

03/11/2024