Es 40. 1 à 8 / Luc 3. 1 à 6

« Une voix crie dans le désert… »

Le désert, un lieu à connotation négative, un lieu qui évoque bien souvent, la détresse, la solitude, l’épreuve, la souffrance… Un temps de tentation pour Jésus… Un temps de vulnérabilité. Même dans le milieu séculier, on parle de désert médical, de désert de service public, de temps de désert pour décrire un temps d’épreuve, temps d’oubli, de solitude, volontaire ou pas… « Je passe par une période de désert… », comme pour dire je suis seul, seul avec moi-même, je suis oublié de tous… Que ce soit des artistes, des hommes politiques, des personnages publics, ou de simples citoyens, chacun peut expérimenter dans sa vie une période dite de « désert ». Le désert peut être spirituel, social, professionnel, familial… il n’en demeure pas moins une expérience souvent douloureuse et parfois dramatique. A l’opposé de ces constats, la Bible nous présente, une vision positive du désert (Et d’ailleurs, le monde séculier y vient aussi). Le désert, peut être aussi porteur de vie, il peut être fécond, une grâce, une bénédiction. C’est dans ce sens que les textes bibliques nous invitent à méditer ce matin, en ce deuxième dimanche de l’Avent, ce temps qui nous prépare à célébrer la naissance de Jésus, le Fils de Dieu incarné dans une forme humaine, naissance qui marque un tournant capital dans l’histoire de l’humanité. Quel message recevoir de Dieu à travers ces textes ?

 

1°) « Consolez, consolez mon peuple… »

C’est tout d’abord, un message de consolation et d’espérance que Dieu adresse à son peuple du temps du prophète Esaïe. Un temps d’épreuve, d’exil, de déportation. Dieu est miséricordieux, compatissant, il réconforte son peuple au sein de son épreuve, son désert. Il lui rappelle qu’il est là, que l’épreuve prendra fin un jour. Qu’il pardonnera leurs fautes et les rétablira dans leur pays. Et c’est ce qui arrivera quelques années après.

Cette parole est aussi une Parole pour le peuple arménien qui a aussi besoin de consolation, en ces jours de difficulté et de désert. Elle nous rappelle également, comment Dieu a consolé et relevé ce peuple suite au Génocide de 1915, à travers l’ACO. Aujourd’hui, nous nous souvenons que lorsque les rescapés arméniens ont été contraints à l’exil. Ils ont traversé les déserts de Syrie jusqu’à Alep, ville d’accueil pour beaucoup de nos grands-parents. L’actualité nous invite aujourd’hui à prier pour cette ville, aux mains d’islamistes radicaux. Les chrétiens d’Alep ont besoin de nos prières aujourd’hui. Parallèlement à cela, en ce dimanche de l’ACO, nous voulons aussi exprimer toute notre reconnaissance à Dieu, pour le soutien que cette mission a accordé à notre peuple et à nos églises. L’ACO a été un bel instrument de consolation entre les mains de Dieu en faveur de notre peuple. Nous n’avons pas le droit d’oublier l’histoire, qui que nous soyons. Que nous soyons ici de par nos origines ou pas, nous sommes invités à nous inscrire dans cette histoire. Nous rendons grâce à Dieu pour le Pasteur Paul Berron qui a été à l’initiative de cette mission auprès de nos églises. Suite au Génocide, nos églises auraient pu disparaître. Mais, que ce soit au Moyen Orient ou en France, nos églises sont redevables de cette mission et de son action. Aujourd’hui encore !

Cette parole est aussi un beau message du Noël qu’elle annonce. Comme Jean Baptiste le dit, en reprenant le texte d’Esaïe, cette parole annonce la naissance miraculeuse du Messie, de Jésus, le salut de Dieu, le Sauveur du monde. Elle nous invite à la repentance, pour recevoir le pardon de nos fautes qui sera possible grâce au sacrifice de Jésus. Par son sacrifice à la croix et sa résurrection, Jésus sauve tous ceux qui se repente sincèrement et croient en lui. Et pour celles et ceux qui l’accueillent, il est et sera toujours avec eux jusqu’à la fin du monde. En Jésus, il y a toujours de l’espérance dans nos déserts, car il est là par son Esprit, et vient toujours nous rejoindre dans nos déserts. Par son Esprit, le Consolateur, il console tous ceux qui font appel à lui. « Ne crains rien, car je suis avec toi… » (Es. 41. 10)

2°) « Que dois-je proclamer… ? »

Le prophète interroge Dieu : « Que dois-je dire, quel message donner ? » Qu’est-ce que Dieu veut dire ? Seigneur que veux-tu que je dise ce matin ? que veux-tu me dire ce matin ? Quel message donner ? La réponse de Dieu est cinglante, troublante même ! Elle nous ramène à la finitude de cette vie : « Toute chair est comme l’herbe… ». Ce que je veux que tu dise, c’est que le temps des humains dans cette vie, est compté. Comme nous le lisons au Ps 90 : « Enseigne-nous à compter nos jours… afin que nous soyons sages… ». Le temps nous est compté. Notre vie s’inscrit dans le temps « Chronos ». Un temps qui nous est donné. Un temps pour lequel nous sommes responsables, gestionnaires devant Dieu. Ce qui nous pose la question : Qu’est-ce que je fais du temps que Dieu me donne, des dons, des moyens que Dieu m’a donnés et me donne aujourd’hui ? » N’oublions pas que si nous sommes là aujourd’hui, c’est parce que des hommes et des femmes ont donné de leur temps, de leur argent, de leurs dons pour nous. C’est parce que des hommes et des femmes ont témoignés fidèlement de la bonne nouvelle de l’évangile que nous sommes là, que nous avons connu Dieu. Nous sommes tous les fruits de ceux qui nous ont précédés, qui que nous soyons. C’est à travers le témoignage des auteurs bibliques, à travers le témoignage de celles et de ceux qui ont vécu et transmis la bonne nouvelle de l’évangile du salut en Jésus Christ grâce à son sacrifice à la croix, c’est à travers eux que le Seigneur s’est fait connaître à nous. Et c’est à notre tour d’être ces témoins, de donner de notre temps, de nos moyens, pour que d’autres encore connaissent l’immensité de l’amour de Dieu et le salut en Jésus Christ. Être, à la suite de Jean Baptise, des voix de Dieu qui crient dans le désert de nos sociétés en quête de sens.

3°) « Préparez le chemin du Seigneur… »

Le désert peut être une épreuve, une souffrance, une solitude, un temps négatif… Mais il peut être aussi, un temps de grâce fécond ! C’est au désert que Dieu s’adresse à Jean Baptiste. Le désert peut être un temps de proximité, de communion avec Dieu. Il peut être un temps de préparation au chemin du Seigneur, au chemin que le Seigneur a préparé pour nous. Il peut être un temps de bilan de nos vies, d’évaluation. Il peut nous conduire à la repentance, « Rendez droit ses sentiers… ». Il peut nous conduire à remettre des choses en ordre dans nos vies, nos choix de vie. Le désert peut être révélateur de l’état réel de notre vie intérieure, non pas ce qui se voit, ce que je montre de moi, mais ce que je suis réellement, intérieurement. Lorsque Dieu parle au prophète Osée au sujet de son peuple, lorsqu’il veut le ramener à lui, il dit : « Je la conduirai au désert et je regagnerai sa confiance… Je parlerai à son cœur… ».

En ce temps de l’Avent, où l’on se prépare à fêter la naissance de notre Sauveur, le Seigneur veut aussi parler à nos cœurs, nous dire tout son amour peut être, nous remplir tout à nouveau de son Esprit, nous bénir profondément des bénédictions de sa présence, une présence suffisante. Trop souvent aujourd’hui, nous assimilons la bénédiction de Dieu à une réponse de prière, une réussite, une chose qu’il nous donne… Et nous oublions que la plus grande bénédiction que Dieu donne à tous ceux qui croient en Jésus, c’est sa présence. Et c’est là, parfois, dans le désert que nous pouvons la recevoir pleinement et le bénir.

« Une voix crie dans le désert… »

En ce temps de l’Avent, rendons grâce pour le salut en Jésus Christ, la consolation en Jésus au sein de nos déserts

Prenons conscience du temps et des dons que Dieu nous a donnés pour les mettre à son service

Prenons du temps avec Dieu

Pasteur Joël Mikaélian

08/12/2024