Vous serez comme des dieux… Si tu es le Fils de Dieu

Gen. 3. 1 à 7 / Matth. 4. 1 à 11

« Vous serez comme des dieux… Si tu es le Fils de Dieu… »

Les textes bibliques du premier dimanche du carême nous invitent à méditer ce matin sur la tentation. Alors que nous sommes en chemin vers Pâques, deux tableaux se présentent à nous à ce sujet. Dans le premier ceux qui sont tentés succombent à la tentation, dans le second, celui qui est tenté résiste et renvoie le tentateur à ses mensonges. Parler de la tentation, revient à parler du mensonge, l’arme par excellence du tentateur, le diable, que la Bible nomme aussi le père du mensonge. La tentation peut prendre différentes formes, mais elle est toujours subtile et liée au mensonge. Tentation de transgresser les commandements de Dieu, tentation de posséder toujours plus, tentation de dominer l’autre, tentation de pouvoir, convoitise, tentation de l’orgueil, avec à la clé la promesse d’un mieux-être ; ou à l’inverse, tentation du repli sur soi, du découragement, du doute, avec un apitoiement sur soi… Quels sont les mécanismes de la tentation, comment y faire face, y résister, la vaincre ? C’est sur ces questions que les textes de la genèse et de l’évangile nous invitent à méditer.

1°) « Vous serez comme des dieux… »

Dans les deux cas, le mécanisme est plus ou moins le même. La tentation se nourrit du mensonge comme le mensonge nourrit la tentation. Dans le premier cas, la tentation suggère le mensonge, et vient nourrir l’orgueil humain : « Vous serez comme des dieux… ». Elle pousse à la transgression au motif que la transgression est bonne, voire même, apporte des satisfactions, un bien être, un mieux-être. C’est sur ce registre que le serpent se joue d’Eve et d’Adam dans le jardin d’Eden. Il les brosse dans le sens du poil. Il flatte l’égo humain, son penchant pour braver l’interdit. Le serpent commence par insuffler quelques paroles de doute sur ce que Dieu a dit « Vraiment ! Dieu vous a dit… ? ». Vous en êtes bien sûr ? Vous êtes sûr d’avoir bien entendu, d’avoir bien compris la Parole de Dieu ? La femme résiste : « Oui, nous avons bien entendu et bien compris… Il y a bien un interdit, pas de doute ! ». Le serpent ne récuse pas : « Oui c’est vrai, vous avez raison, il y a bien un interdit…, mais c’est le fruit de la transgression de l’interdit qui est faux… Dieu vous a menti… vous ne mourrez pas mis vous serez comme des dieux ». Voilà que le père du mensonge accuse Dieu de mensonge ! Le comble ! Et c’est suffisant pour faire chuter l’homme dans la tentation, suffisant pour le faire succomber avec les conséquences que l’on sait et que toute l’humanité subit depuis, la mort.

2°) « Si tu es le Fils de Dieu… »

Dans le second cas, le tentateur est le même, son mode opératoire un peu différent, quant au résultat, totalement différent. Le diable échoue. Avec Jésus, le diable joue la provocation. « Si tu es le Fils de Dieu… », sous-entendu, tu ne l’es peut-être pas ! Tu n’es peut-être pas le Fils de Dieu ! Et là encore on peut dire que le mensonge fait bon ménage avec la tentation. Par ailleurs, on voit que d’une certaine façon, avec beaucoup d’astuce, le diable essaie d’amener Jésus à lui obéir. A faire ce qu’il lui dit de faire. On peut remarquer qu’il commence par des choses plus ou moins bonnes, changer des pierres en pain, rien de mal à ça. Puis il poursuit par un défi plus risqué, se jeter du haut du temple et faire intervenir les anges pour le porter. Jésus aurait pu tomber dans le panneau et faire une démonstration de force. Mais là encore, Jésus ne va pas obéir à ce que le diable lui dit de faire, même si cela aurait pu être une belle démonstration de qui il est, le Fils de Dieu. Et pour finir, le diable pousse jusqu’à demander à être adoré. Et là, bien sûr, Jésus refuse aussi. Il résiste à la façon très subtile avec laquelle le diable l’incite à lui obéir. Jésus ne tombe pas dans le piège, il ne laisse aucune place au doute, au mensonge. Il sait qui il est, il n’a rien à prouver. Il reste ferme sur la vérité, il est le Fils de Dieu.

3°) « Vous serez comme des dieux… Si tu es le Fils de Dieu… »

D’un côté, le diable flatte l’égo de l’homme et lui fait miroiter de devenir comme des dieux, de l’autre côté il conteste au Fils de Dieu d’être ce qu’il est. C’est ainsi qu’il agit avec l’homme aujourd’hui encore, comme avec les chrétiens, les enfants de Dieu. Parfois, il flatte son égo, sème le doute sur la Parole de Dieu, sur le message de l’évangile, pour que l’homme ne se tourne pas vers Dieu. Parfois il flatte le chrétien à la recherche du succès, du pouvoir, ou il sème le doute au sujet des interdits, au sujet de la sagesse de Dieu, de sa bienveillance, de son amour. Il peut nous faire croire aussi que l’on n’a pas bien compris ce que Dieu demande de nous ; que l’on peut désobéir sans risque, et même se trouver mieux, libre de toute contrainte. « Vous serez comme des dieux… ». Parfois il utilise une autre forme de mensonge, « Si tu es un enfant de Dieu… Si tu es sauvé… Si tu es aimé de Dieu… », sous-entendu, « en es-tu sûr de tout ceci, des promesses de Dieu, si tu es un enfant de Dieu… pourquoi ceci ou cela, les injustices que tu subis… ? ».

Comment faire face, résister, vaincre les tentations du diable ? Comme Jésus l’a fait, en opposant la vérité au mensonge. Tout d’abord en acceptant la vérité de l’évangile par la foi. En devenant un véritable enfant de Dieu par Jésus Christ, grâce à son sacrifice à la croix. Oui, le salaire du péché c’est la mort, mais le don gratuit de Dieu c’est la vie éternelle en Jésus Christ. « Comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ » (1 Cor. 15. 22).

Ensuite, en vivant en obéissance à l’évangile, en vivant selon la vérité de l’évangile, en fondant notre vie sur cette vérité. N’entrons pas en dialogue avec le tentateur, n’écoutons pas ses mensonges. Oui le chemin de la désobéissance mène à la mort. Oui, en Jésus tu es sauvé, tu es aimé de Dieu, tu es un enfant de Dieu. Ce sont ces promesses de vérité qu’il faut opposer aux mensonges du malin. Non l’important n’est pas de posséder, de dominer, d’être adulé, d’avoir du succès, du pouvoir… L’important est d’aimer Dieu et son prochain, de faire confiance en sa sagesse, en son amour, en sa bonté, en sa providence.

Et s’il nous arrive de tomber dans la tentation, sous quelle forme qu’elle soit (désobéissance, orgueil, convoitise, doute, découragement…), s’il nous arrive de nous éloigner de Dieu, il existe toujours un chemin, un moyen de revenir, de se relever, savoir, la repentance, demander pardon, recevoir le pardon par la foi grâce à la croix, là où Jésus a pris sur lui notre condamnation. « Il a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l’a détruit en le clouant à la croix » (Col. 2. 14).

Conclusion

« Vous serez comme des dieux… Si tu es le Fils de Dieu… »

Que du mensonge ! Non vous ne serez pas comme des dieux, oui Jésus est le Fils de Dieu. En Jésus tu es, tu peux être un enfant aimé de Dieu si tu crois. Il prendra toujours soin de toi comme un Père prend soin de ses enfants, il t’aimera toujours. C’est lui qu’il faut écouter et non le père du mensonge. C’est sur sa Parole de vérité qu’il faut construire nos vies, c’est à elle qu’il faut sans cesse revenir.

Pasteur Joël Mikaélian

26/02/2023